marnie s'étire, se frotte les yeux. elle peine à s'extraire du lit - comme tous les matins. les autres sont déjà levés - sa mère, un sourire aux lèvres comme toujours, caresse les cheveux de son enfant, lui souhaitant une bonne journée, avant d'elle-même préparer ses affaires. une toilette de chat, enfiler ses vêtements, gratifier ses voisins d'un grognement matinal poli.
elle passe par les cuisines pour y prendre son repas de midi - la bergère ne rentrera pas à temps - et puis, mâchouillant le reste d'un fruit, pousse finalement la porte de la grange, son bâton à la main.

la journée commence, comme beaucoup d'autres avant et beaucoup d'autres après. mais aujourd'hui, un élément diffère : nous avons un invité, souffle-t-elle au mouton, les yeux encore plein de sommeil. les moutons ne sont pas bien rapides, il nous rattrapera.
le petit groupe discipliné sort de la grange et traverse le village par sa route habituelle. ils atteignent le bord du village quand elouan les rejoint.

― non, pile à l'heure.

marnie sourit, ses oreilles se redressent. elle décale délicatement l'un de moutons du bout de son bâton. la première étape n'est pas si loin que ça.

― si je peux t'éviter un problème pareil, je suis contente. elle rit, un rire soufflé du nez. amusé. elle pense au pauvre charpentier, perdu entre les arbres.

puis un ange passe. la jeune femme met quelques secondes à répondre à la question qu'on lui pose, en partie parce qu'elle surveille l'un des jeunes du troupeau devant elle et en partie parce que quelque chose dans le concept même de la question lui échappe complètement.

― eh bien... non ? pas vraiment. j'aime assez mon travail, pouvoir se promener, voir le paysage changer au fil des saisons... c'est vrai qu'il y a parfois des obstacles sur le chemin mais... elle marque une nouvelle pose, paraît ailleurs : et j'aime avoir du temps seule. je peux raconter des secrets aux moutons, sans que personne n'écoute et je sais qu'ils ne les répéteront jamais.

elle garde le ton de la plaisanterie, étire ses bras, l'un après l'autre, provoquant des craquements singuliers. l'air frais du matin fait encore apparaître des petits nuages de fumée lorsqu'elle souffle.