En toute sincérité, il y a bien peu de choses qui la rendent plus heureuse que lorsqu'elle apporte son aide à quelqu'un. Qu'importe que cela soit un grand geste ou non, Hermina ne se lasse pas de cette chaleur qui gonfle dans sa poitrine, jamais. Leurs sourires sont ses trésors les plus précieux, et le soir, une fois qu'il est l'heure de retrouver son oreiller, ils bercent ses songes souvent agités.
Marnie n'y fait pas exception. Leurs âges similaires dont qu'elles se côtoient depuis longtemps malgré leur quotidien si dissemblables. Si les animaux ne sont pas sa spécialité, elle n'hésite jamais à lui offrir son aide, comme aujourd'hui. La bergère, elle le sait, aime tendrement ses moutons, aussi idiots puissent-ils se montrer, et elle se dévoue à leur épanouissement avec diligence – Hermina ne peut en être que touchée.
Puis, elle est douce Marnie, même si elle ne parle que peu, s'isole souvent. Il y a malgré tout quelque chose de chaleureux chez elle, et ça, elle le retrouve dans la façon dont elle traite ses animaux, avant tout.
Elle l'apprécie, Marnie.
Et une fois que tout est terminé, l'apothicaire sourit. Elle se veut rassurante, avant tout, l'émoi bref de la jeune femme ne lui ayant pas échappé. Pourtant, elle se garde de commenter, ne souhaite pas l'embarrasser. Au lieu de cela, elle l'écoute d'une oreille, hoche la tête tout en remisant son matériel dans le panier tressé, avec soin. Son organisation n'a réellement de sens que pour elle-même, là où elle se doit d'être bien plus rigoureuse lorsqu'il s'agit des locaux partagés avec ses collègues - question de respect.
« Ce serait probablement plus sage. » Hermina se redresse d'un geste étonnamment fluide, se rapproche du fameux cours d'eau traître. « Au moins pour demain. Il devrait s'en remettre rapidement. »
Et quelques instants plus tard, elle retrouve sa place auprès d'elle, un chiffon mouillé en main. Elle sourit, toujours.
« Rien qui ne puisse être réglé par un bon bain ce soir. » Et des odeurs déplaisantes, elle en a connu plus agressives, bien malgré elle. « En attendant, je peux au moins t'aider avec– » Ses mots et son souffle se suspendent alors qu'elle approche sa main de son minois, efface les traces de sang ayant déjà commencé à sécher. « Avec ça. Du sang de mouton. »
Un instant file, et la voilà déjà bien trop consciente de son immobilité, et de toutes les choses qu'elle doit encore faire aujourd'hui. Cependant, elle ne veut pas sembler impolie pas plus que l'abandonner là après toutes ces émotions.
Ah. Elle ne sait pas prendre les choses comme elles viennent, apprécier le temps à sa disposition. Hermina n'en a jamais assez, du temps.
« Cela dit, j'ai quelque chose qui pourrait te plaire. » Malice dans son regard alors que son attention retourne à son panier. Ses mains agiles sont promptes à trouver ce qu'elle cherche. « Voilà. Pour le bain. »
Dans ses mains, une simple fiole au bouchon de liège, décorée d'un brin de lavande et d'un ruban. Si la plus grande partie de ses talents sont dédiés à l'application pratique des plantes, Hermina se permet, parfois, d'enjoliver le quotidien de ses inventions – comme ce parfum. Un bouquet de fleurs des champs et de rosée matinale, quelque chose de léger mais qui met du baume au cœur avant une rude journée.
« Ce n'est pas grand chose. » Elle aime faire plaisir, Hermina, même si ce ne sont que de simples gestes. Des fleurs pour les moutons, du pain frais pour les enfants, un parfum pour Marnie. Trouver du bonheur dans leur quotidien, même derrière les attentions les plus anodines. C'est ça qui la rend heureuse.